Le printemps astronomique a débuté ce matin à 5h30. Cela n’a pas empêché la formation de nappes de stratus étendues sur le Plateau central et oriental, conditions dignes d’un mois d’octobre ou novembre.
Si ces nuages stratiformes de basses couches sont fréquents durant l’automne et l’hiver, les autres saisons n’en sont pas forcément dépourvues. Bien évidemment, entre le milieu du printemps et la mi-août, ces grisailles sont très rares et éphémères car le soleil est haut dans le ciel et les nuits sont courtes.
Pour pouvoir former du stratus, il faut des basses couches plutôt froides et/ou ayant une tendance à se refroidir, le tout sous de l'air plus chaud. L’arrivée d’air frais et plus humide dans les basses couches sous une masse d’air relativement chaude est donc un bon moyen pour obtenir ce résultat, de l’air frais en bas et de l’air plus chaud au-dessus. Cette configuration donne lieu à une inversion thermique qui favorise la formation de nuages bas. L’autre moyen est de former de l’air froid sur place par refroidissement nocturne de ces basses couches. C’est uniquement durant les mois d’automne et d’hiver que ce processus peut avoir lieu de manière significative. En effet , pendant la saison froide, les nuits sont longues et le soleil bas sur l’horizon. De ce fait, le sol reçoit moins de chaleur du soleil qu’il n’en perd par rayonnement nocturne. Les basses couches se refroidissent donc d’elles-mêmes ce qui forme rapidement une inversion thermique.
Aux équinoxes de printemps et d’automne, nous sommes en situation intermédiaire avec des nuits de 12 heures et un soleil de midi à mi-hauteur entre l’horizon et le zénith. Les basses couches reçoivent déjà plus de chaleur qu’elles n’en perdent la nuit, mais l’excédent thermique est encore modéré et certainement pas aussi important que durant les mois d’été. Ainsi, si la formation locale d’air frais ne donnera que des grisailles éphémères, l’importation d’air frais et humide en basse couche venant du nord pourra encore provoquer des stratus étendus. Ceux-ci auront toutefois plus de chances de se dissiper qu’au beau milieu du mois de décembre.
Pour le cas qui nous intéresse, c’est un courant du nord-nord-est, donc de bise qui a véhiculé de l’air frais venant de la mer du Nord en direction du Plateau suisse. Cette situation de bise avec anticyclone sur l’Irlande est assez typique pour la formation de stratus étendus au Nord des Alpes. Si l'anticyclone avait été positionné plus à l'est, au-dessus la mer du Nord, le courant de bise aurait draîné non pas de l'air humide provenant de la mer du Nord, mais de l'air continental plus sec venant de l'Europe orientale.
Durant ces prochains jours, la situation météorologique sera encore propice aux bancs de stratus, notamment en allant vers la Suisse alémanique. Ce n'est qu'à partir du milieu de semaine prochaine que nous devrions assister à un changement de régime.
